En
cette solennité de l’Assomption nos oreilles ont pu être ravies par l’écoute de
ce cantique de la Vierge Marie exultant sous l’action de l’Esprit Saint,
exultant en la présence de Celui qu’elle porte en son sein. Et aujourd’hui,
nous vivons une part de ce cantique qui comporte l’affirmation :
« tous les âges me diront bienheureuses ». Car oui, nous l’affirmons
en ce jour, la Vierge Marie est bienheureuse, bienheureuse d’être d’Immaculée
conception, bienheureuse d’avoir porté en son sein le Verbe éternel,
bienheureuse d’avoir vu grandir son Seigneur et Sauveur, bienheureuse d’être
notre mère à tous, bienheureuse d’avoir rejoint son Fils ressuscité dans la
gloire du ciel, bienheureuse d’être couronnée reine du ciel… Or l’ensemble de
cette béatitude qui entoure la Vierge Marie est le fruit unique de ce oui de
Marie. Marie a dit oui à la volonté de Dieu, elle a embrassé de tout son être
la volonté divine, c’est bien ce oui essentielle qui aujourd’hui l’accueille en
Paradis avec son corps et son âme, élevée toute entière dans la gloire de Dieu,
établie au côté de son divin Fils. Et c’est bien en ce oui que nous sommes
appelés à imiter la Vierge Marie. Dire oui non pas du bout des lèvres mais
pleinement, totalement. Et dire oui au Seigneur c’est bien le recevoir tout
entier, dans la plénitude de son être, dans la plénitude du chemin qu’Il
propose à chacun des membres de notre humanité.
Ô
combien la Vierge Marie doit-elle souffrir de voir ses enfants emprunter des
chemins de traverse, se satisfaire de leurs pauvres réflexions humaines pour
valider leurs pensées erronées. Ô combien le oui total et entier de Marie doit
être contrarié par nos fameux « oui mais ». Ces « oui
mais » de bon nombre de catholiques, ces « oui mais moi je pense
qu’il faut que l’église évolue », « oui mais je ne suis pas d’accord
sur tout », « oui mais enfin chacun fais comme il veut »… Ne
nous berçons pas d’illusion, ce oui mais est en définitive un non, un non à la
réalité divine, un non qui vient se heurter au oui de Marie. Ô cela ne signifie
pas que le peuple chrétien doit être un peuple de mouton absurde mais il doit
être un peuple ayant la foi, ayant la Foi en Dieu qui ne peut ni se tromper, ni
nous tromper, ayant la Foi en l’Eglise Corps du Christ et missionné par Lui
pour nous guider. Bien sûr, il y’a des domaines sur lesquelles une réflexion
circonstanciée est essentielle et l’Eglise elle-même la porte mais bon nombre
d’opinions de catholiques sociaux vont à l’encontre d’affirmations fondée sur
la Révélation.
Ô
je sais que ces paroles nous atteignent au cœur et nous poussent à nous
remettre en question et moi le premier car le relativisme ambiant ne cesse de
rogner notre adhésion au Seigneur sous couvert d’ouverture, sous couvert de
respect, sous couvert de bon nombre de bons sentiments qui ne contribuent qu’à
nous affadir. Et en ce jour considérons la Vierge Marie, elle qui a dit oui et
donna naissance au Sauveur, elle aurait pu contrarier par la suite le plan
divin, elle aurait pu essayer de contrarier les élans de son Fils, le maintenir
sous sa coupe pour lui éviter de se faire remarquer, pour lui éviter d’être
crucifié. Dès lors, cela aurait été un « oui mais » que la Vierge
Marie aurait prononcée, oui je veux bien être la Mère du Verbe divin mais après
c’est moi qui gère, qui guide, qui gouverne… Heureusement pour nous et pour
notre salut que tel n’en fut pas ainsi, le oui de Marie était aussi un oui pour
notre salut même si cela passait par la croix, c’était un oui total au dessein
divin même si cela passait par la mort. Marie n’a pas fait passer ses opinions
avant la vision de Dieu, Marie n’a pas eu l’orgueil démesuré de se croire
supérieur à Dieu, Marie n’a pas eu l’outrecuidance de vouloir enseigner le
chemin au Seigneur mais elle l’a reçu pleinement, totalement, dans une
confiance pleine et entière.
Et
cette semaine, nous fêtions St Laurent. Son courage de chrétien lui a coûté la
vie de manière particulièrement douloureuse, sur le gril enflammé. St Laurent
aurait pu – penserait un homme de notre temps – chercher un accord, un compromis.
L'Empereur voulait les biens de l'Église de Rome, et St Laurent aurait pu
traiter, en cédant sur le principe de l'autonomie de l'Eglise et sur la
hiérarchie des pouvoirs. En effet, prendre à l'Eglise ses ressources signifie
l'empêcher d'accomplir sa mission, qui est celle de prêcher l'Évangile et d'en
réaliser les œuvres. Mais le diacre Laurent tint ferme ce principe – une
certaine pensée dirait qu'il a été intransigeant ! – et il a engagé jusqu'à sa
propre vie. Il a publiquement exprimé son désaccord, il est allé à
contre-courant, non seulement vis-à-vis du pouvoir politique, mais aussi
vis-à-vis de la pensée de l'époque. Mais Laurent savait, toutefois, que
l'important n'était pas de s'adapter à l'esprit du monde, mais de rester fidèle
à Jésus. Il savait qu'il existe une différence chrétienne.
Bien
chers amis, je nous le dis à vous comme à moi, imitons la Vierge Marie et les
saints du ciel ; suivons le Seigneur en mettant de côtés nos opinions, en
abattant cet orgueil déraisonné. Si des questions subsistent, très bien
cherchons en les réponses en nous laissant enseigner par le Christ et par
l’Eglise et non en voulant nous-même enseigner le Christ et l’Eglise.
Rappelons-nous que c’est le Christ et en son sein l’Eglise qui ont mission de
transformer le monde pour l’établir en l’éternelle béatitude ;
rappelons-nous que ce n’est pas le monde qui doit transformer ou bien plutôt
défigurer le Christ et l’Eglise. Nous même, nous devons nous laisser
transfigurer par le Christ et non pas défigurer par le monde.
Paroles
difficiles en cette solennité de l’Assomption mais rappelons-nous les larmes de
la Vierge Marie à La Salette qui pleurait sur le peuple chrétien s’égarant. Ne
faisons pas pleurer la Vierge Marie, ne faisons pas pleurer notre mère, fêtons
la dignement en ce jour certes par nos chants, nos fleurs, nos lumignons mais
surtout par notre cœur tout donné à son Fils Notre Seigneur.
Amen.