Comme
à son habitude, le Seigneur nous enseigne par parabole, par ce récit imagé qui
nous révèle la profondeur de l’identité divine. Et en entendant la parabole de
ce dimanche, je suis certains que nous voudrions tous être un troisième fils,
c'est-à-dire être celui qui à
l’écoute de la question du père : « Mon enfant, va travailler
aujourd'hui à ma vigne », répondrait : « Oui Seigneur » et
qui y irait ensuite. Nous aimerions tous être à l’image de ce troisième fils.
Mais ce troisième fils n’apparaît pas dans la parabole, non pas qu’il n’existe
pas mais parce que le Seigneur désire nous enseigner autre chose.
Le
premier fils dit oui j’irai mais en définitive n’y va pas. Et peut-être
avons-nous déjà fait cela dans notre vie, dire oui, oui pour ne pas rentrer
dans une discussion quelconque, dire oui, oui tout en pensant que nous ferons à
notre idée, que nous ferons ce que nous voudrons.
Le
deuxième fils à l’inverse dit non mais répond à la demande de son père. Et là
encore, peut-être avons-nous tous déjà agit ainsi, peut-être avons-nous répondu
non par colère ou par principe mais la conscience travaillant nous sommes
revenus sur notre décision et avons accédé à la demande qui nous était faite.
Ces
deux fils dans la parabole ne sont donc pas des pures inventions mais bien
l’expression d’agissements que nous connaissons et qui parfois nous
appartiennent. Mais alors que désire nous faire comprendre le Seigneur.
Remarquons
que le Seigneur distingue la parole proférée et l’action, le dire et le faire,
ces deux niveaux qui normalement ne doivent faire qu’un. Dire et faire ce que
l’on dit voilà l’idéal, dire et ne pas faire ce que l’on dit voilà le pire, ne
pas dire et faire quand même est déjà un bien.
En
effet, le Christ à la fin de l’évangile, loue ce fils qui avait dit non mais
qui revenant sur sa parole avait agi malgré tout. Et le Seigneur de conclure
« les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de
Dieu ». Bon les publicains n’appartiennent plus à notre réalité, les
prostitués oui, malheureusement. Mais si le Seigneur les mets en avant c’est
parce que les publicains et les prostitués ont cru en la Parole de Dieu et
qu’ils ont ensuite cherché à se convertir. Ce n’est bien sûr pas parce qu’ils
sont publicains ou prostitués qu’ils rentreront dans le Royaume des cieux mais bien
parce qu’ils auront cru en la parole de Dieu.
Les
pécheurs publiques malgré la parole qu’ils peuvent dire par leurs vies, malgré
ce non qu’ils semblent dire à Dieu par leur conduite, si ces pécheurs publiques
croient en la Parole de Dieu et que par leur foi ils cherchent à se convertir
alors le ciel les accueillera. Au contraire de celui qui extérieurement semble
juste et pieux mais qui en son âme ne croit pas en la Parole de Dieu.
Pour
nous tous, il nous faut chercher à unifier nos paroles et nos actes, à dire par
nos paroles et par notre agir notre attachement au Seigneur. Et en considérant
le monde et particulièrement ceux qui agissent parfois contre Dieu et ses
commandements il ne nous faut pas être prompt à les condamner car ils peuvent
changer, ils peuvent croire et se convertir et devenir peut-être bien mieux que
nous ne le serons jamais.
Regardons
par exemple St Paul, lui qui a participé aux massacres des premiers chrétiens,
à la lapidation de St Etienne était condamnable mais c’est bien lui qui sur le
chemin de Damas crut en la Parole de Dieu et devint un des apôtres du Seigneur
les plus zélés. C’est bien pour cela que St Paul nous
exhorte : « Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez
assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de
vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres ». Tout cela
n’est possible que si nous considérons que la miséricorde du Seigneur peut
rejoindre chaque homme et faire des merveilles qui dépassent tout ce que nous
pouvons imaginer.
Peut-être
connaissez-vous l’histoire de Jacques FESCH le dernier condamné à mort de notre
terre de France, condamné en 1957. Fils d’une riche famille, il tenta un
hold-up à Paris et tua un policier. Arrêté et condamné à mort il redécouvrit le
Seigneur dans sa prison, il disait d’ailleurs : « Entre un moine et
un détenu croyant et pratiquant, il n’y a qu’une différence de nom ».
C’est dans sa cellule qu’il fit l’expérience de la miséricorde infinie du Seigneur,
il disait : « Dieu ne retient pas la faute du pêcheur. Personne n’est
jamais perdu, s’il s’ouvre à Sa miséricorde ». Cinq heures avant son exécution
il s’écriait : « dans cinq heures je verrais Jésus ». Et cinq
heures plus tard, peut-être, je dis peut-être car même si sa cause de
béatification est introduite elle n’a pas encore aboutie, et donc peut-être
cinq heures plus tard un meurtrier converti entrait en paradis…
Et
pour nous même, avec un peu d’humilité et de réalisme nous pouvons remarquer
que dans nos vies nous n’agissons pas toujours comme nous devrions et bien ce
que le Seigneur nous dit c’est que tout est possible, que son amour pour nous
est indéfectible, que son attachement pour chacun de nous ne peut être anéanti
par notre péché. Le Seigneur nous dit qu’il nous suffit de revenir à Lui de
cœurs et d’âmes pour le retrouver, pour retrouver sa miséricorde, sa communion,
sa présence. St Paul, Jacques Fesch et tant d’autres nous témoignent de cet
amour infini du Seigneur, nous témoigne de la capacité que Dieu donne à l’homme
de revenir à Lui où qu’il en soit.
Alors
en ce dimanche, rendons grâce au Seigneur pour son amour, pour sa patience
envers le genre humain, présentons-nous humblement devant Lui, laissons-nous
irradier par sa présence aimante et confions-lui également toutes ces âmes
égarées qui vivent sans Dieu et s’égarent sur ces chemins de traverses.
Rien
n’est impossible à Dieu, pour nous même et pour tout homme. Rien n’est
impossible à Dieu.
Amen.