En
ce cinquième dimanche de carême, à travers les lectures de la liturgie, l’Église
nous enseigne quant à nos fins dernières, quant à la mort, quant à la finitude.
Il
appartient à l’humanité de s’interroger quant à la mort qui frappe chacun de
ses membres toujours trop tôt mais parfois bien trop tôt, douleur cinglante de
voir partir les siens, instants ténébreux où tout semble perdre sens. Il
appartient à l’humanité ces moments de lucidité où elle se retrouve en
elle-même et se pose la question de la vie avec la mort, du sens de l’existence
qui voit son terme s’approcher à chaque rebond de l’horloge, à quoi bon vivre
si c’est pour mourir, à quoi bon vivre pour être absorber par ce néant qu’est
la mort, où est le sens de tout cela.
Ces
questionnements peut-être les avons-nous tenu, peut-être les tenons-nous encore
aujourd’hui. Mais il est certain que ces raisonnements sont improbables à leurs
fondements car ils posent comme hypothèse que le néant est l’avenir de
l’existence. Ces questions qui sont à la source d’angoisses existentielles,
Dieu a voulu très tôt y répondre afin d’éteindre l’angoisse et cela en révélant
la perspective de notre vie. Nous avons entendu la réponse de Dieu en la
première lecture, réponse qui s’exprime par le prophète Ezéchiel :
« Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple […]
je l'ai dit, et je le ferai ». Sortir de son tombeau, revivre, cela semble
impossible mais n’est-il pas plus raisonnable de croire en Dieu qui est à
l’origine de toute existence plutôt qu’en la nature qu’Il a créé et qui porte
en elle cette puissance de mort ? Pour entendre cette prophétie, il nous
faut reconnaître que Dieu a pouvoir sur la mort, reconnaissance qui a peut-être
besoin d’autres signes, d’autres preuves.
Et
bien les prophéties ont été accomplies par le Christ qui permet de les recevoir
en plénitude et, en l’occurrence, cet accomplissement resplendit avec le retour
à la vie de Lazare, je dis retour à la vie et non résurrection car Lazare
mourra une seconde fois alors que la résurrection fait entrer dans l’éternité.
Quoi qu’il en soit, dans l’Evangile, le Christ montre au monde et à l’humanité
qu’Il a pouvoir sur la mort, Il préfigure cette victoire ultime que nous
célèbrerons le St jour de Pâques. Le Christ répond à la question existentielle
en anéantissant le néant afin d’y laisser germer l’espérance de l’éternité.
A
partir de cet instant la mort a toujours posé la question du sens de la vie
mais non plus en ne lui donnant que le néant comme avenir mais en la mettant
dans cette perspective de l’éternité qui peut être une éternité avec Dieu dans
la béatitude éternelle ou bien qui peut être une éternité sans Dieu dans cet
état de l’âme que l’on appelle l’enfer. Paradis ou enfer sont nos avenirs
possibles et nous orientons notre choix d’éternité dès ici-bas, dès maintenant.
Et si le dernier dimanche de carême nous replace face à cette perspective
éternelle c’est bien parce que notre vie d’aujourd’hui ne doit pas être vécue
dans l’insouciance de l’éternité car notre présent sera un jour scellé par
l’éternité. Notre quotidien nous oriente vers l’une ou l’autre perspective et
c’est ce qui donne du prix à notre agir actuel. Et pour nous qui désirons
l’union à Dieu, il nous faut reprendre la belle lecture de Ste Thérèse de
Lisieux qui nous rappelle que la qualité de notre agir ne dépend pas de ce que
nous faisons mais dépend du degré d’amour que nous y mettons, dépend de la
qualité de l’amour qui accompagne nos actes. Mettre l’amour au cœur de nos
existences c’est mettre Dieu au cœur de nos existences car Dieu est amour.
Il
nous faut donc craindre l’enfer mais le craindre sans tremblement, le craindre
dans la confiance amoureuse en Jésus Christ qui nous a montré la voie de
l’éternelle béatitude, qui nous accompagne jusqu’à nous conduire Lui-même dans
l’éternité, qui nous promet sa miséricorde, qui nous aime d’un amour infini,
qui nous permet de le rejoindre en Paradis.
Amen.