Après
l’évangile du mercredi des cendres qui nous a rappelés les trois piliers de
notre carême à savoir la prière, le jeûne et l’aumône ; l’évangile de ce
dimanche nous ramène au tout début de la vie publique du Seigneur Jésus au
moment où le Christ a choisi le désert pour se retrouver dans l’intimité de son
Père et c’est au désert que le Christ est tenté par le tentateur, par le démon.
Dans ce récit mystérieux des tentations du Seigneur Jésus nous retrouvons
toutes les formes des tentations qui peuvent nous assaillir nous-même. La
première tentation vient rejoindre un besoin physiologique vitale celui de la
faim, le Seigneur a faim et donc le tentateur l’invite à user de son pouvoir
pour satisfaire immédiatement son besoin, pour combler immédiatement sa faim.
C’est dans l’immédiateté que se situe la tentation, dans l’usage de sa divinité
pour Lui-même que le Seigneur est tenté car il est normal de vouloir se
rassasier lorsque cela est nécessaire mais pour le Seigneur Jésus, il
dérogerait à sa mission qui est portée vers l’humanité et non pas vers
Lui-même. Face à cette tentation, nous recevons les paroles du Seigneur citant
l’Ecriture : « Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Autrement dit, la
satisfaction corporelle de nos besoins vitaux est certes nécessaire mais elle
est incomplète lorsque seul le corps est repu alors que l’âme demeure absente
des dons du Seigneur. Nous sommes corps et âmes et il nous faut donc nous
attacher à prendre soin et de nos corps et de nos âmes.
La seconde
tentation est particulièrement insidieuse car le démon utilise la Parole même
de Dieu. Cette utilisation nous rappelle que la Parole de Dieu peut-être
détourné à tel point qu’elle peut aller à l’encontre de Dieu Lui-même et une
rapide considération de l’histoire humaine nous donne bon nombre d’exemple où
cette Parole a été détournée contre l’humanité et donc contre Dieu. Cette
manière de faire est ici un stratagème du démon qui cherche à conduire le
Christ à tenter Dieu son Père. Mais le Seigneur Jésus démasque une nouvelle
fois le stratagème et rappelle qu’il ne faut pas tenter le Seigneur.
La
troisième tentation est celle du pouvoir, de l’argent, de la gloire qui sera
concédé au Seigneur si Il adore le démon. Ô nous savons combien argent, pouvoir
et gloire peuvent échoir à certains suite à des procédés qui sont bien loin de
l’évangile et qui ont bien plus de rapport avec l’adversaire. Nous savons
combien pouvoir, argent et gloire tendent à devenir les nouvelles idoles de
notre temps. Et bien le Seigneur rappelle que l’adoration n’est que pour Dieu.
Et cela doit être compris non dans un exclusivisme égoïsme mais dans le sens où
l’adoration que l’homme rend à Dieu permet à l’homme d’accéder à sa propre
humanité, c’est auprès de Dieu que l’homme est pleinement homme.
A travers
ces trois tentations, il nous faut recevoir une proximité du Seigneur Jésus
qui, tout comme nous, a vécu ce combat des tentations que nous connaissons bien
en nos existences. Dieu s’est fait homme en Jésus Christ et c’est en Jésus
Christ qu’Il a remporté tous les combats que nous connaissons afin de nous
montrer que c’est en Lui que nous pouvons vaincre ces tentations qui nous
assaillent. Et le temps du carême est un temps privilégié durant lequel le
Seigneur désirent venir à notre secours, est un temps privilégié durant lequel
nous sommes invités à nous tourner davantage vers le Seigneur afin de recevoir
ses secours.
Il y’a un
autre enseignement que nous pouvons recevoir de l’évangile. Le Seigneur Jésus
est tenté et ces tentations pourraient sembler au premier abord comme
« tentante » et parfois même comme justifiée. Le Seigneur Jésus les
démasque mais nous ne sommes pas le Seigneur Jésus, nous n’avons ni sa science,
ni sa grâce et c’est pourquoi, l’ensemble de la Tradition spirituelle de
l’Eglise a toujours invités à prendre conseil auprès d’un autre lorsque des
questions essentielles se posent en nos existences. C’est ceux que l’on
appelait avant les directeurs de conscience, ceux que l’on appelle aujourd’hui
les accompagnateurs spirituels et il ne nous faut pas hésiter à prendre
conseil. Lorsqu’une question essentielle se pose, il ne nous faut pas nous
tromper nous-même en nous bernant dans notre propre orgueil car cela pourrait
nous conduire à poser un mauvais choix, à succomber à la tentation. Des
religieux, des prêtres peuvent être de bon secours à travers lesquels la voie
juste et bonne peut se dessiner.
Alors en ce
premier Dimanche de carême en demandant au Seigneur de nous aider à poursuivre
nos efforts dans l’ordre de la prière, du jeûne et de l’aumône pour notre
carême présentons nous également devant Lui afin de Lui demander sa grâce pour
démasquer les tentations qui se posent en nos vies, pour ne pas succomber à ces
tentations. La victoire est possible si nous nous plaçons sous l’étendard du
Christ qui nous a devancés, si nous ouvrons nos cœurs à sa grâce, si nous nous
disposons à recevoir ses conseils.
Amen.