Paroisses de La Bouilladisse – La Destrousse – Peypin – Belcodène

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samedi 28 décembre 2013

Homélie du jour de Noël



Cette page d’évangile que nous recevons au terme de cette sainte nuit qui nous fait acclamer la naissance de l’enfant Jésus entouré des saints anges, cette page d’évangile nous permet de recevoir cet évènement inouï de la naissance de Dieu en notre humanité dans toute la dynamique du dessein divin. Car ce Verbe de Dieu dont il est question c’est le Christ Lui-même. Oh combien il nous faut nous rappeler que c’est le Verbe de Dieu, la deuxième personne de la sainte Trinité, elle par qui tout a été fait et sans qui rien ne fut, c’est elle qui s’est fait chair. Quittant la gloire céleste, le Verbe de Dieu a embrassé notre nature humaine réunissant dans la personne du Christ toute la divinité et toute l’humanité. Dans ce petit enfant que nous contemplons aujourd’hui, dans ce petit enfant c’est Dieu tout entier qui est présent, c’est Dieu infini qui est circonscrit dans notre humanité. Le Christ n’est donc pas simplement un être exceptionnel qui a marqué notre histoire humaine, non, Il est miraculeusement présence réelle et agissante de Dieu. Lorsque le Christ parle c’est Dieu qui parle, lorsque le Christ agit c’est Dieu qui agit. Rendons nous compte que ce matin, en regardant ce bambin, ce nourrisson de quelques heures, c’est bien Dieu que nous voyons. C’est Dieu qui porte toute la faiblesse de l’humanité dans la genèse de son existence, c’est Dieu qui se fait si petit qu’Il a besoin de simples créatures que sont Joseph et Marie pour simplement vivre, grandir, manger et boire. A la crèche, Dieu se fait dépendant de l’homme pour montrer à l’homme jusqu’où Il est prêt à aller pour nous retrouver, pour nous aimer, pour nous sauver. En ce petit enfant, c’est Dieu qui vient nous visiter. Et c’est bien cette certitude qui nous permet ensuite de recevoir chaque instant de la vie du Seigneur comme un enseignement existentiel qui nous est adressé à nous près de deux mille ans plus tard.
Et comme le souligne l’Evangile, si Dieu s’est fait homme c’est pour nous permettre de Le connaître. Dieu se fait homme pour que l’homme connaisse Dieu, Dieu se fait homme pour que l’homme reconnaisse l’amour infini que Dieu a pour lui et pour que l’homme l’aime en retour, Dieu se fait homme pour que l’homme puisse retrouver sa véritable identité qu’il retrouve en Dieu seul. C’est un don inestimable qui nous est fait et il nous faut tout faire pour que ce don ne reste pas dans la main de Dieu mais qu’il soit accueilli par une multitude, qu’il soit accueilli par tous !
Comment après cette nuit, comment l’homme pourrait-il se sentir abandonné de Dieu qui le recherche jusqu’à se faire petit enfant, comment l’homme pourrait-il accuser Dieu de quelques maux que ce soit alors que Dieu fait tout pour l’homme, comment l’homme pourrait-il refuser Dieu alors que Dieu a tout donné à l’homme. Comment ? Si l’homme connaissait véritablement Dieu tel qu’Il est alors il n’y aurait pas de comment. Si l’homme connaissait véritablement Dieu tel qu’Il est, il ne pourrait qu’être saisi par tant d’amour et ne chercherait ensuite qu’à correspondre à cet amour. Et cette connaissance de Dieu, cette connaissance de l’amour de Dieu c’est le Christ qui nous le révèle déjà pleinement à la crèche et qu’il dispensera jusqu’à son ascension, jusqu’à son retour dans la gloire céleste ayant confiée cette mission à son Eglise. C’est ainsi que deux mille ans plus tard nous pouvons demeurer émerveillé face à la crèche, que nous pouvons nous attacher à l’enseignement du Seigneur et de son Eglise, que nous pouvons tendre vers l’éternelle béatitude. Alors aujourd’hui, en contemplant le petit enfant Jésus, en ce saint jour de Noël, porté par l’amour que nous avons envers le Seigneur, demandons une grâce, la plus grande et la plus importante, celle d’accueillir Jésus en nos âmes, de lui permettre de grandir jusqu’à ce que ce ne soit plus nous qui vivions mais que ce soit Lui qui vive en nous. Tel est le plus beau cadeau que nous pouvons espérer en ce Noël : que ce ne soit plus nous qui vivions mais que ce soit Lui qui vive en nous. Amen.

Homélie de la messe de minuit



Où est Dieu ? Où était Dieu dans tel moment difficile de l’histoire humaine ? Où était Dieu dans tel moment difficile de notre propre histoire ? Ce questionnement qui appartient à tout être humain trouve sa réponse ce soir, cette nuit, car Dieu est là. Dieu est là présent dans ce petit enfant, si frêle qu’on craint de le casser en le serrant contre son cœur, si démuni comme le sont tous les nourrissons que l’on guette toute réaction pour le combler au moindre soubresaut. Aujourd’hui, cette nuit, Dieu prend part de notre histoire humaine.
Mais n’oublions pas trop vite que Dieu demeure Dieu, qu’Il est le Dieu créateur de toute chose, qu’Il est le Dieu créateur de notre propre humanité, qu’Il est au-dessus de tout, principe infini, origine éternel. C’est bien Dieu dans sa grandeur et sa puissance qui a voulu prendre chair, qui a voulu se faire créature, qui a voulu se faire homme et qui s’est fait homme en Jésus Christ.
Et pourtant à la crèche nos yeux de chair ne verraient qu’un simple petit d’homme, qu’un simple nourrisson, un bébé. Oh combien les apparences peuvent être trompeuses. Mais elles ne sont trompeuses que pour ceux qui ne regardent pas vraiment, que pour ceux qui analysent simplement sans prêter attention à ce qui n’est pas démontrable, pas appréhendable, sans prêter attention à ce que leur cœur leur dit.
Les bergers eux ne s’y sont pas trompés. Dans leur simplicité, ils se sont approchés de cet enfant en percevant le mystère bienheureux qui l’entourait. Et les rois mages, qui sont encore en route, eux aussi, savent mystérieusement qu’ils sont à la recherche du plus grand trésor de l’humanité qu’est ce petit être emmailloté de langes, somnolant dans une mangeoire, entouré de ses parents dans une simple étable où l’âne et le bœuf les accompagnent. Et pour nous qui savons, pour nous qui savons qui est ce petit enfant, nous devrions être saisi par le fossé qui sépare ces deux réalités, réalité du dénuement de la crèche et réalité de la présence glorieuse de Dieu, réalité d’un petit bout de chou et réalité de la présence de Dieu origine de toute chose.
Mais malgré ce constat, malgré cela nous nous obstinons bien souvent à ne percevoir de la réalité que ce que nos sens nous permettent d’appréhender, nous avons bien souvent perdu le sens de l’éternité, le sens de la présence divine, le sens de notre vocation éternelle, le sens de notre vie. Nous passons bien souvent à côté du mystère. Nous réduisons bien souvent le mystère à une simple réalité trop bassement humaine.
Et telle est bien l’erreur du monde qui réduit l’homme au néant de la désespérance en évacuant tout mystère. Car l’homme aujourd’hui n’est plus le fruit de l’amour de ses parents il est réduit à n’être que le composé de deux éprouvettes, l’homme n’est pas désiré dans un élan d’amour il est voulu comme un droit, l’homme n’est pas appelé à s’épanouir il doit tout faire pour remplir son portefeuille d’actions, l’homme n’est pas appelé à aimer il doit régner et qu’importe comment, l’homme n’est pas appelé à se donner il doit prendre et profiter au maximum, l’homme n’est pas appelé à l’éternité il se fracassera contre le néant qui conclut l’existence.
Tout est froid telle une équation mathématique que l’homme essaie de résoudre pour souffrir le moins possible. Alors si nous nous interrogeons pour savoir où est Dieu ? Pour savoir où était Dieu dans tel moment difficile de l’histoire humaine ? Pour savoir où était Dieu dans tel moment difficile de notre propre histoire ? Demandons-nous d’abord où est l’homme ? Qui est l’homme ? Qui sommes-nous ? Et si l’homme se réduit à 80 années durant lesquelles il ne cherche qu’à profiter de tout avant le terme inexorable de l’anéantissement total, de la fin du monde ou de la fin de son monde, alors seul le désespoir peut l’accompagner car peu nombreux sont ceux qui réussiront à briller selon les règles du monde, alors le bonheur peut déserter l’humanité car à quoi bon souffrir pour mourir autant tout arrêter. Voilà cette réalité froide vidée du mystère, vidée de la véritable réalité de notre propre humanité.
Oh comme il faudrait que le monde se réveille, comme il faudrait que le monde se laisse réveiller par les pleurs du petit enfant Jésus qui pleure déjà sur lui, comme il faudrait que le monde se laisse gagner par le mystère de la présence de Dieu en notre propre humanité. Prenons bien conscience que si Dieu se rapproche de nous en se faisant l’un de nous, si Dieu va se révéler à nous, Dieu s’emploie surtout à nous révéler à nous même, à nous rappeler qui nous sommes, à nous rappeler d’où nous sommes, à nous rappeler où nous allons.
A la crèche, Dieu nous crie que nous avons été voulus et créé par Lui, que nous sommes faits pour le rejoindre dans l’éternité, que nous sommes faits pour le bonheur de la vie avec Lui. Dieu hurle la vérité de l’homme qui est véritablement homme lorsqu’il se tourne vers Dieu. Car l’homme qui sait qu’il vient de Dieu, qui sait du plus profond de son être qu’il est aimé de Dieu, qui sait qu’il est appelé à l’éternelle béatitude, qui sait que rien ne peut le séparer de l’amour du Christ, un tel homme est déjà heureux. Et en se faisant petit enfant, Dieu nous dit tout cela. Il nous dit qu’Il nous aime au point de nous rejoindre quittant l’éternité pour la temporalité. En embrassant l’humanité Dieu nous rejoint tous. Et par sa présence, Dieu nous redit à quel point Il désire que nous le retrouvions pour l’éternité, Dieu nous révèle le chemin qui nous conduit à la béatitude. Redisons le haut et fort, l’homme ne peut se comprendre sans Dieu, et c’est pourquoi Dieu se donne à lui comme un petit enfant, c’est pourquoi Dieu se donne à nous comme un petit enfant. Notre existence toute entière n’a de sens que si nous la recevons de Dieu.
Et ce qui est le plus étonnamment dramatique c’est que tout comme les bergers ont pressenti le mystère de l’enfant Jésus, le monde sent cela. Le monde sait que le mal le conduira inexorablement à sombrer dans le malheur, le monde sait que le bien véritable le conduira inexorablement au bonheur mais malgré cela, le monde sombre dans le malheur en poursuivant le mal ou pire, en grimant le mal pour le faire passer pour un bien et en dénigrant le bien jusqu’à le décrire comme nuisible à la plénitude de ce qu’il croit être l’humanité. Il semblerait que le monde met toutes ses forces pour atteindre plus rapidement ce néant du désespoir qu’il redoute pourtant.
Et c’est bien dans ce funeste constat que nous percevons avec d’autant plus d’éclat que cette nuit est encore une bonne Nouvelle pour notre humanité. Car cet enfant que nous célébrons nous a délivré les véritables valeurs de notre propre humanité en nous rappelant notre origine en Dieu, en nous rappelant là où se trouve le bien c'est-à-dire dans la vertu, dans une vie droite et juste, dans une vie construite sur sa parole qui est relayée par son Eglise, en nous rappelant notre vocation à la sainteté qui est une vocation au bonheur, en nous rappelant la prière qui nous oriente vers Lui et nous fait tout recevoir de sa grâce, en nous rappelant notre espérance qui nous attire vers l’éternelle béatitude. C’est là que se déploie le mystère de la vie, le mystère de l’existence, le mystère de l’homme et le mystère même de Dieu. Et c’est pour nous révéler tout cela que cette nuit Dieu s’est fait homme, Dieu s’est fait homme pour l’homme, pour le sauver de la désespérance, pour lui révéler l’éternelle béatitude qui se dessine déjà dans le sourire enfantin du petit Jésus.
Alors chers amis, ce soir, cette nuit, choisissons avec ardeur de nous laisser saisir par le regard de l’enfant Jésus qui nous cherche pour nous combler, acceptons le dans notre vie, laissons le Christ naître et grandir pleinement en nos existences car dès lors nous abriterons le bonheur, dès lors nous serons pleinement homme car nous serons en Dieu.
Amen.

Textes de la veillée de la messe de minuit



Texte n°1 :
Noël est inimitable ! Qu’on ait la Foi ou qu’on ne l’ait pas, qu’on l’ait perdue ou qu’on la garde, chaque année Noël revient avec la même joie, le même élan, la même saveur, le même parfum de poésie. Jusqu’à la fin du monde sur un lit de paille sous le souffle bienveillant de bêtes charitables, l’Enfant Jésus entouré de Marie et de Joseph frappe à la porte de nos vies, suppliant l’humanité de lui ouvrir grand les bras et de se laisser vaincre, enfin, par cet amour infini qui, sur le visage d’un nouveau-né endormi, raconte toute la beauté de l’univers. Noël n’a vraiment pas son pareil. Et même si certains veulent anéantir cette fête, sortir la société de tout contexte religieux, ils ne pourront rien faire. Noël restera Noël car ils ont contre eux, et dans cet ordre : les enfants, les poètes, et les êtres sensibles qui, grâce à Dieu, peuplent la terre et se partagent la beauté du monde. En cette nuit, prenons en bien la mesure, dans les églises du monde entier, sous les cantiques qui soulèvent une larme et la conduise au coin de l’œil, mais aussi aux tables des familles, en ouvrant tout à l’heure nos cadeaux, sous les yeux mouillés de tendresse des êtres qui nous sont chers, nous redevenons des hommes capables d’intelligence et d’émotion. Et justement, Noël est là, Noël existe. Et chaque année il revient sous la voûte étoilée pour reconstruire et réparer notre humanité qui a la mauvaise tendance de tourner sur elle-même prisonnière de ses intérêts égoïstes jusqu’à la moelle. Il faut au moins qu’une fois par an, et c’est cette nuit, le ciel s’entrouvre et que l’homme redevienne un homme avec un cœur qui bat pour autre chose que son portefeuille ; et que les douleurs, parlons-en des douleurs, les souffrances, les peines, les humiliations, les dévalorisations en tout genre et jusqu’au bruit des choses de la vie que nous avons essuyé en cette année qui s’achève, il faut que tout cela meurt. Et tout cela va mourir cette nuit grâce à l’enfant Dieu qui, les yeux clos, prétend, et il l’a montré, être le prince de l’amour, l’inventeur du bonheur, l’unique Sauveur du monde.
Si donc nous voulons renaître ce soir, renaître à une vie nouvelle, mettre à mort toutes les formes de désespoir et même rajeunir alors que les jours s’enfuient en gardant sur les lèvres l’inestimable sourire dont Dieu n’a gratifié que les humains, il n’y a qu’un seul chemin, c’est celui qui conduit à Bethléem et qui écrit en lettres d’or sur fond de pauvreté la plus belle histoire jamais racontée. Cette histoire, elle est vraie. Ce n’est pas un mythe, nous ne célébrons pas une légende imaginée par la sainte Eglise qui n’a pas l’habitude de mentir. Nous célébrons un fait historique, advenu en terre de Judée au temps de l’empereur Auguste qui, par bonheur, avait la passion des statistiques et qui donc ordonna un recensement de ce que l’on croyait être à l’époque tout l’univers.  A la suite de Jules César en procédant au cadastre de tout l’empire, Auguste, sans le savoir, va jeter sur la route les êtres les plus extraordinaires qui soit, Joseph et Marie, en direction de Bethléem ; et il va ainsi contribuer à la poésie de l’histoire. A travers ce fait, retenons bien ceci mes frères, car la leçon est précieuse, c’est un recensement administratif, par nature aveugle et peu soucieux des personnes car il faut se mettre en route pour se faire inscrire dans sa ville d’origine quel que soit l’état de santé, la fatigue ressentie, l’âge ou les empêchements de toutes sortes, c’est ce recensement, cet évènement aussi plat que peut l’être un imprimé de la sécurité sociale, mais déstabilisant aussi pour la vie quotidienne, qui va causer les circonstances merveilleuses de la naissance de Jésus.


Texte n°2
Disons le tout de suite, les évènements de quelques natures qu’ils soient sont une toile sur laquelle Dieu écrit notre histoire personnelle, et ces évènements si nous les contournons parce qu’ils nous déplaisent, parce qu’ils semblent contrarier l’idée que nous avions l’intention de servir, le projet auquel nous tenions par-dessus tout, nous risquons alors de passer tout simplement à côté de notre bonheur le plus profond, celui que Dieu a pensé pour nous, celui qu’Il a rêvé depuis toute éternité. Insistons sur le fait qu’il a fallu ce recensement, il a fallu que Joseph et Marie soient bousculés dans leurs existences et par la suite rejetés puisque les portes d’une auberge ce sont fermées devant eux, pour que l’étable de Bethléem, reproduite en cette nuit dans toutes les églises du monde et dans des multitudes de maisons, devienne le palais de Dieu et une mangeoire son berceau. Si Jésus était né tranquillement à Nazareth, bien au chaud, sur la couche de Marie, ou plus dignement, eu égard à son état, dans la demeure du grand prêtre, croyez-moi Noël n’aurait pas reçu le pouvoir de fasciner les hommes. Nos crèches et nos santons n’auraient jamais vus le jour. Et plus encore le Christ n’aurait pas pu montrer, dès la première heure, et cela eut été grandement dommage, jusqu’où Dieu était capable d’aller pour nous manifester son amour fou. Car il fallait en premier lieu que Jésus dise au monde, en poussant son premier cri, qu’Il venait pour sauver, en épousant leurs conditions, les plus oubliés de la terre. Chateaubriand l’a magnifiquement exprimé dans un lyrisme inégalé et voici ces mots : « Jésus n’est point né dans la pourpre, mais dans l’asile de l’indigence et par ce premier acte de sa vie il s’est déclaré de préférence le Dieu des misérables ». Mais surtout ne nous inquiétons pas les misérables c’est nous, c’est au fond toute l’humanité. Mais tout de même, tout de même, il est vrai qu’il y’a chez Dieu une sorte d’attrait, de préférence, pour les pauvres, pour les laissés pour compte pour les moins lotis. C’est ainsi, on ne changera pas son goût. Et puis reconnaissons objectivement que l’humble condition que Jésus a épousée n’offusque pas, en principe, les êtres les plus nantis. Tandis que si le Christ était né dans un contexte d’abondance, les pauvres se seraient sentis gênés et peut être même lâché par Dieu. Par conséquent, qu’il s’agisse de ce fameux recensement où des conditions difficiles, voire pénibles et inattendues surtout, dans lesquelles le Sauveur est né souvenons-nous que ces faits, humainement peu favorables au Christ, ont servis sa cause. Et si cette nuit nous comprenons que Dieu nous conduit en créant de toutes pièces des circonstances, des situations, des évènements ou en les permettant, les années qui nous restent à vivre seront heureuses. Parce qu’au lieu de nous constituer en arbitre de la vie nous en serons les humbles serviteurs et mille surprises seront alors possibles venant directement de Dieu notre Père Lui qui sait mieux que personne ce qu’il nous faut en matière de bonheur. C’est dire qu’il faut se laisser conduire par Dieu, comme on se laisse emporter par un amour. Marc Aurèle, empereur et philosophes du 2ème siècle après Jésus-Christ, possédait déjà la juste lumière lorsqu’il donnait ce conseil à l’un de ses disciples, écoutons l’empereur : « réfléchis disait-il, réfléchis souvent à l’enchaînement de toutes choses dans le monde et à leurs rapports réciproques. Les choses sont, pourrait-on dire, entrelacer les unes aux autres et partant de là elles ont les unes pour les autres une mutuelle amitié en vertu de la connexion qui les entraine ». Cette connexion, nous, nous l’appelons Dieu. Et seize siècles plus tard Balzac ne craignait pas d’annoncer haut et fort que l’homme supérieur c’est celui qui épouse les évènements et les circonstances. Malheureusement nous n’en sommes plus là n’est-ce pas, ça fait longtemps que cette sagesse nous a quitté. Les hommes, c’est-à-dire nous, nous voulons tout maitriser, tout organiser, tout tenir, tout décider par nous-même, et le présent et l’avenir, nous voulons tout obtenir et tout de suite, n’être contrarié en rien, et tout ce qui nous gêne aux entournures de la vie nous mets dans des états de révolte, de mécontentement, de tristesse et c’est grave. Nous ne sommes plus capables d’adaptation. La voiture ne démarre pas, un train a du retard, on crie comme des putois que c’est inadmissible. Et il y’a peut-être pourtant derrière ces circonstances que nous jugeons négatives pas moins qu’une intervention divine voulant peut être nous préserver d’un danger imminent. Et nous qui sommes des amis de Jésus ; il y’a aussi cette parole extraordinaire de St Paul qui ne doit pas cesser de nous habiter parce qu’elle est pleine d’espérance on la trouve dans la lettre aux romains chapitre 8 verset 28 écoutons la : « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu ». Tout, tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Et St Augustin, en commentant ce verset, ira même jusqu’à dire : même le péché. Tout concourt. Ou plutôt, tout fini par concourir au bien de ceux qui aiment Dieu. C’est dire que les évènements, quels qu’ils soient, positifs ou négatifs à nos propres yeux, mais aussi nos rencontres, nos liens, nos amitiés, entrent mystérieusement dans un plan qui nous échappe. Et même une relation amoureuse qui ne s’est pas continuée sur le temps, c’est certes regrettable, mais un enfant a vu le jour et cet enfant qui est un bien, Dieu le voulait. C’est Dieu qui recycle le mal et qui en fait jaillir un bien.











Texte n°3 :
Si cette nuit nous gardons cette lumière de sagesse dans notre cœur et surtout si nous nous décidons à prendre la vie comme elle nous est donnée avec ses joies, ses douleurs, ses limites, ses grâces, alors la sérénité sera au rendez-vous de nos journées, nous ne perdrons jamais la paix intérieur et, progressivement, alors que les années nous auront offert le recul nécessaire pour regarder notre vie, nous comprendrons à quel point nous avons été conduit par Dieu avec intelligence et amour. Les évènements de notre vie sont voulus par Dieu et confiés à notre garde. C’est à la fin seulement que nous y verrons clair. La preuve et bien la voici, miraculeusement présente en cette nuit sainte, après bien des épreuves et la fatigue du voyage, Dieu met sous les yeux de Joseph qui était perdu, qui ne savait plus où aller, sa femme était enceinte, sur le point d’accoucher, Dieu met sous ses yeux une pauvre étable et là rien ne va manquer :  de la paille fraîche, un âne et un bœuf aux souffles puissants, une mangeoire facilement adaptable en berceau et pour couronner le tout, par-delà la tendresse infinie de Joseph et de Marie, l’arrivée inattendue des bergers qui, au chant du Gloria, alertés par les anges, ont laissé leurs moutons et se sont précipités vers la crèche plus pauvres que Job mais plus heureux que Crésus. Et les voilà maintenant ces bergers devant la grotte, nos chers bergers, c’est ainsi que nous pouvons les imaginer, recoiffant de leurs doigts leurs cheveux noirs et frisés, ajustant leurs tuniques pour paraître plus digne devant un enfant dont les yeux ne sont pas encore ouverts.
Redisons nous ce soir comme jamais, et cela nous fait du bien, que ces hommes, ces bergers étaient méprisés par leurs concitoyens. Voilà la vérité. Leurs coutumes rustres, leurs vies de nomades les mettaient dans l’impossibilité de pouvoir fréquenter le temple et la synagogue. Ils étaient exclus et par conséquent ils ne pouvaient pas vivre les observances légales et c’est pourquoi personne n’enviait leurs sorts. C’étaient des rebuts de la société. Et sans doute parmi ces bergers certains devaient trouver leurs vies bien rudes et voulaient en changer ; et bien en la nuit sainte de Noël il est certain que pas un seul parmi eux n’a regretté son propre destin apparemment méprisable. En voyant Dieu venir les chercher en premier pour qu’ils assistent aux premières loges au sommeil de l’enfant Jésus, ils ont dû comprendre comme jamais que leurs existences difficiles, leur profession méprisée et peu enviable avaient du prix et n’étaient donc pas un empêchement au bonheur. Partout on peut être heureux. Puissions-nous, en cette nuit de Noël, ne pas oublier cette grande vérité. Car le bonheur n’est pas dans le rêve, dans la nouveauté à tout prix, dans l’accumulation des biens, dans l’usage immodéré de l’argent, dans la position sociale, dans l’idolâtrie du bien-être, non. Le bonheur il est dans le contentement de ce que l’on a, il est dans une certaine habitude de vie qui rassure et stabilise, il est dans l’acceptation de nos limites et de notre condition sociale, il est dans la volonté de faire suinter la joie du présent, il est dans les petits plaisirs de la vie, il est dans la petite omelette que l’on partage à deux sur un coin de table, il est dans un engagement que l’on tient, il est dans un amour que l’on continue d’estimer sur le temps, il est dans l’admiration que l’on porte à l’être cher, il est dans la volonté de le soutenir à tout prix, il est dans la conscience de la chance que l’on a d’être aimé, il est dans un simple baiser bien pensé que l’on donne uniquement pour combler, il est dans un regard prolongé que l’on porte avec attention sur celle ou celui que l’on aime, il est dans une harmonique que l’on veut à tout prix construire ou préserver au sein de la famille, il est dans le désir d’aimer même celui qui nous déçoit, il est dans la volonté de pardonner si aigüe qu’ait été l’offense, il est dans le parfait oubli de soi-même et dans la mort de nos égoïsmes, il est dans les yeux du vieillard qui est heureux de recevoir un baiser de ses petits-enfants, il est dans le sourire immaculé de vos fils et de vos filles qui se pendent à votre cou avec confiance, il est dans le temps que l’on consacre à ses enfants pour les écouter ou jouer avec eux. Et oui le bonheur il est pour nous si nous avons compris, comme l’a dit si joliment Diderot, que l’homme le plus heureux c’est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre d’autres. Tout est là, il n’y a rien à faire, le bonheur se cache dans l’amour que nous éprouvons les uns pour les autres, et plus précisément encore dans l’amour que nous partageons. Oui grâce à l’amour, grâce à l’amour que nous jetons dans les actes les plus quotidiens, le plus banal de notre vie peut devenir le plus sublime. D’ailleurs regardons, contemplons, ça crève les yeux. Marie, la mère de Dieu, l’immaculée conception, la plus belle et la plus parfaite créature que le monde ait connue, qu’a-t-elle fait d’extraordinaire en cette nuit sainte ? Après avoir mise au monde son enfant, elle l’a emmailloté comme font toutes les mères pour que leurs petits soient bien au chaud, protégés par l’amour le plus concret qui soit.  Aimons notre vie quotidienne. C’est en l’aimant qu’elle nous apparaîtra plus belle qu’elle ne semblait. Oui livrons-nous à l’amour qui est la seule réalité capable de transfigurer la vie. Et puis surtout n’oublions jamais que notre drame à nous, pauvres humains, c’est que l’on a souvent peur d’un bonheur trop simple alors on se complique et on le perd.
Et cette nuit, le Seigneur Jésus Christ qui est Dieu, qui nous attend après la mort, et qui, en venant parmi les hommes, en épousant notre condition humaine, le Seigneur Jésus Christ nous supplie d’aimer notre vie telle qu’elle est, et de faire confiance plus que jamais à Dieu notre Père qui la conduit, jour après jour, magnifiquement, quoi qu’on en pense. Amen.

Homélie de la messe de Noël des jeunes



Bien chers jeunes, chers parents, ça y’est, le moment que vous avez attendu est maintenant arrivé, c’est Noël ! Toutes les décorations sont déjà sorties depuis longtemps car tous, nous avions hâte que cet instant arrive. Et vous pensez peut-être aux cadeaux qui vous attendent sous le sapin, au bon repas que vous allez faire, et votre impatience grandit encore. Mais aussi merveilleux que soit tout cela, le plus grand bonheur de ce jour il est là, juste sous nos yeux, oh bien sûr ce ne sont que des représentations mais des représentations de ce qui s’est réellement passé il y’a maintenant plus de deux mille ans. Jésus est né ! Vous allez me dire que vous le saviez mais est-ce que nous prenons véritablement conscience de ce que veulent dire ces simples mots. Ces mots ont été prononcés le jour de notre propre naissance lorsque nos parents ont pris le téléphone pour avertir tout le monde que nous étions enfin nés mais est-ce que c’est exactement la même chose ? Vous vous doutez de la réponse, non ce n’est pas la même chose. Oh bien sûr extérieurement oui, tout comme notre mère nous a donné naissance, de même la Vierge Marie a donné naissance à Jésus mais ce petit enfant n’est pas un enfant comme vous et moi, oh Il est homme ça c’est certain mais Il est aussi Dieu. Et pourtant, quand nous regardons la crèche, que voyons nous, simplement Marie et Joseph avec leur enfant Jésus, un père, une mère et leur enfant nouveau-né tout comme dans de nombreuses maternité du monde. Extérieurement, à l’œil nu rien ne semble différent et pourtant.
Et pourtant il nous faut reconnaître que ce que nous voyons ne nous permet pas de toucher la réalité. Nous voyons un enfant et pourtant cet enfant est Dieu. Il en est de même lors du baptême, on pourrait dire que le baptême c’est simplement quand on met de l’eau sur le front de quelqu’un et pourtant dans le baptême, la personne baptisée devient enfant de Dieu racheté du péché et établie dans l’amitié avec le Seigneur. Il en est de même lors de la messe, nous voyons simplement un petit morceau de pain et pourtant, et pourtant c’est Dieu qui est réellement présent caché sous le voile du pain. Vous voyez, nos yeux nous jouent des tours. Et qu’est ce qui nous permet de dépasser ce que nous voyons et bien c’est la Foi. C’est la Foi qui nous permet de reconnaître que le baptême est une nouvelle naissance en Dieu, c’est la Foi qui nous permet de reconnaître la présence de Dieu en l’hostie consacrée, c’est la Foi qui nous permet de reconnaître, en l’enfant Jésus, Dieu qui vient nous visiter. Et bien nous pouvons alors comprendre que la Foi nous donne de pouvoir percevoir la véritable réalité des choses.
Et ce soir, quand nous regardons l’enfant Jésus, nous regardons tout ce que Dieu fait pour nous, tout ce que Dieu fait pour toi. Dans ce petit enfant, Dieu vient nous chercher, Dieu vient te chercher. Dieu vient nous chercher car Il veut que nous soyons véritablement nous-même, que nous reconnaissions que c’est Lui qui nous a donné la vie, que nous reconnaissions que c’est vers Lui que nous allons, que nous reconnaissons que c’est de Lui dont nous avons besoin en nos vies. Et Dieu veut tellement que nous l’acceptions pleinement qu’Il se fait tout petit enfant, qu’Il se fait nourrisson. Car on ne peut pas ignorer un tout petit, on ne peut que se pencher vers Lui, que le prendre dans nos bras pour le protéger et pour l’aimer. Et je suis certain que c’est bien ce que vous faites en vos âmes, que vous prenez l’enfant Jésus en le pressant tout contre votre cœur, en le berçant doucement et en essayant de le faire sourire. Et bien Dieu est heureux d’être dans vos bras, Dieu désire y demeurer toujours, tout au long de votre vie, oh non pas pour vous embêter mais au contraire pour vous conduire au bonheur véritable.
Dieu sait mieux que nous-mêmes ce qu’il nous faut et Dieu désire nous combler bien au-delà de ce que nous pouvons espérer. Et c’est bien le petit enfant Jésus qui par son simple regard enfantin nous appelle à le protéger. Mais comment protéger l’enfant Jésus, comment protéger Dieu ? Et bien tout simplement en l’aimant et en agissant toujours pour lui plaire. Mais comment agir pour lui plaire ? Et bien tout simplement en suivant le chemin qu’Il nous a tracé, le chemin de la bonté, le chemin du bien véritable, le chemin de l’Evangile et de l’Eglise. Et le petit Jésus nous fait à tous une promesse, celle de nous garder dans le bonheur, celle de nous permettre d’entrer dans l’éternel bonheur mais seulement si nous le voulons. Et si ce soir, l’enfant Jésus interrogeait nos cœurs et nous demandait si nous voulons être heureux, je suis certain que nous répondrons tous oui, que nous répondrons tous que nous désirons être heureux et là l’enfant Jésus nous dirait simplement de suivre le chemin qu’Il a tracé, de suivre l’enseignement de son Eglise et il nous rappellerait que tout cela n’est possible que si nous l’aimons véritablement. Et nous pouvons faire confiance à ce petit enfant car c’est Dieu Lui-même, nous pouvons faire confiance à l’Eglise car c’est Dieu qui la conduit. Alors ce soir, cette nuit, faisons confiance au Seigneur, et gardons le dans nos bras, visitons le souvent en nos cœurs, demandons-lui la force d’agir toujours pour Lui plaire et dès lors, le bonheur sera en notre vie car le bonheur est en Dieu.
C’est cela le plus beau cadeau que nous pouvons recevoir en cette nuit de Noël, le plus beau cadeau c’est Dieu Lui-même, c’est Dieu qui désire se donner à nous en chaque instant. Ce soir, nous avons reçu en nos cœurs le petit enfant Jésus, ne le mettons pas au placard pour le ressortir l’année prochaine mais avançons avec Lui, si nous voulons être heureux nous ne pouvons que lui faire une place de choix en nos vies, si nous voulons être heureux nous ne pouvons que tout faire pour le recevoir chaque dimanche à la messe, si nous voulons être heureux nous ne pouvons qu’accourir au sacrement de la confession régulièrement pour faire de notre cœur une belle crèche à son intention, si nous voulons être heureux nous ne pouvons que chercher à toujours agir comme Lui agirait à notre place, si nous voulons être heureux nous ne pouvons que nous laisser aimer par Lui et l’aimer en retour, si nous voulons être heureux nous ne pouvons qu’accueillir véritablement le bon Dieu qui aujourd’hui se donne à nous comme un tout petit.
Alors soyons heureux en cette sainte nuit, soyons avec le Seigneur, vivons pour Lui plaire, telle est notre tâche, tel est notre objectif, tel doit être l’objectif de notre vie et dès lors le bonheur l’habitera.
Amen.