En ce dimanche où nous fêtons la
royauté du Christ, l’évangile nous ramène au Golgotha, en cet instant
dramatique de notre histoire humaine qui a vu mourir le Fils de Dieu, mort par
la main des hommes sur le bois du supplice. Et l’Evangile nous rapporte la
raillerie de certains qui refusent au Christ cette royauté pourtant bien
réelle : « Si tu es le Roi des Juifs, sauve-toi toi-même ».
Cette bravade marque toute la distance qui demeure entre la royauté tel que
nous la percevons ici-bas et la royauté du Christ. Car tout comme les rois de
ce monde, le Christ a un Royaume mais son Royaume est éternel, empli de la
présence de Dieu et par là si différent de tous les Royaumes de la terre ;
tout comme les rois de la terre, le Christ a des légions mais des d’anges qui
sont à ses côtés mais ces légions célestes ne manient pas l’épée pour donner la
mort mais elles s’attachent à la louange du Seigneur, elles ont comme mission
de conduire les âmes humaines à
reconnaître la royauté de Dieu ; les rois de la terre ont quelques
pouvoirs qu’ils défendent au prix du sang, le Christ est Tout-Puissant mais sa
puissance est ordonnée à son amour infini.
Ainsi, le Christ est Roi, Il est le
Roi de l’univers mais sa royauté n’a rien de comparable avec celle qui est
exercée ici-bas.
Et nous pourrions, nous,
modernes, être quelque peu mal à l’aise avec ce titre du Seigneur Jésus. Car
comme Jésus est roi, nous pourrions nous interroger, est-il venu inaugurer un
règne, est-il venu instaurer un régime politique ? Et bien dans un certain
sens oui, car un roi est fait pour régner, un roi sans royaume ne serait qu’un
pantin affabulateur et comme le Christ est Roi de l’univers dès lors son
pouvoir, son autorité s’exerce sur l’ensemble de l’univers. Mais si le Christ
est Roi de ce royaume qui est par-delà le temps, si le Christ règne dans
l’éternité alors nous pourrions également penser que sa royauté n’a dès lors
rien à voir avec la politique de notre temps, avec la politique de ce monde
puisque Lui règne dans l’autre. Mais nous nous tromperions, car bien sûr que le
Christ règne dans le Royaume éternel mais nous savons par ailleurs que le
Royaume de Dieu est venu jusqu’à nous par le Christ Lui-même, nous savons que
nous même, nous sommes déjà membres de ce Royaume céleste auquel nous appartenons
par notre baptême et que nous désirons ce Royaume pour l’éternité par notre
espérance. En effet, le Royaume de Dieu est déjà présent pour chacun de nous et
il appelle à s’établir en plénitude lors du retour du Christ en gloire, lors de
la parousie.
Ainsi donc, le Christ
règne sur ce Royaume qui est déjà présent en notre monde et qui est porté par
la Foi, la Charité et l’Espérance. Et nous pouvons constater également que si
le Christ ne nous a pas laissé un code civil pour gérer son Royaume ici-bas, Il
a tout de même laissé au monde les lignes directrices de son ordonnancement.
Considérer la vertu de justice, n’est-ce pas sur elle que toute justice devrait
se fonder. Considérer la vertu maîtresse de Charité, n’est-ce pas sur elle que
devrait s’établir les rapports humains et internationaux. Alors oui, le Christ
ne nous a pas laissé un code civil mais le Christ nous a révélé la voie de
notre humanisation, la voie de la plénitude de notre humanité, la voie d’une
politique véritablement humaine car en accord avec les préceptes divin. Le
Christ nous a révélé par les vertus le chemin que tout homme et toute société
est appelé à suivre. Le Christ ne fait pas de politique partisane mais le
Christ fait de la politique car Il nous révèle qui est l’homme or on ne peut définir
la société en se passant de définir l’homme sur qui elle s’érige.
Réaffirmons-le, le Christ
et l’Eglise ne font pas de politique car la Révélation dépasse, supplante la
politique en définissant l’homme, en définissant la réalité anthropologique qui
porte, fonde et oriente toute politique. Et c’est dans ce domaine que le Christ
nous adresse un message qui a des conséquences politiques, c’est dans ce
domaine que l’Eglise rappelle au monde la voie de son humanisation véritable.
Il y’a donc une manière catholique
de faire de la politique, il y’a une manière catholique d’agir en politique. Un
catholique ne peut se déclarer comme tel et soutenir des valeurs qui sont
contraires à son identité. Rappelons-nous que la vérité ne peut s’arranger avec
l’erreur, la vérité ne peut pas trouver un consensus avec l’erreur et cela est
vrai dans tous les domaines. C’est ainsi que par-delà les continents, par-delà
les régimes politiques qui se succèdent il nous faut nous rappeler que nous
sommes d’abord des citoyens du ciel qui avons à agir comme tel dans nos pauvres
politiques d’ici-bas.
Alors en cette
eucharistie, demandons au Seigneur la force de nous attacher d’abord à la
vérité de la Révélation, le courage de demeurer dans la vérité qu’Il nous a
révélé et la force de pouvoir rappeler au monde politique le chemin véritable
de toute société qui se veut véritablement humaine.
Amen.